Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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droite, il indiquait par un geste Joséphine assise un peu en arrière, comme pour ordonner d'aller lui faire la cour.

Ayant jeté les yeux sur le cercle formé devant lui, il remarqua le duc de La Rochefoucauld-Liancourt. « Ah! M. de Liancourt! » dit-il froidement. C’est à ce peu de mots qu'il se borna. M. de Liancourt, que tout le département de l'Oise a connu et regretté, était un de ces esprits généreux qui s’attachent peut-être trop à de philanthropiques théories. Or, on sait que Bonaparte aimait peu ce genre d'hommes dont les noms ont jeté pourtant de l'éclat sous son règne : il les appelait des idéologues. Pendant la réception, les questions faites par Bonaparte étaient empreintes de ce ton bref qui Caractérisait sa manière. Cette forme d’interrogation, cette contenance ferme intimidaient les esprits les moins timorés; on sentait qu’on se trouvait en face de la force personnifiée. La terrible Révolution était encore dans tous les souvenirs et la présence de l’homme qui l'avait domptée inspirait une crainte respectueuse.

Dans cette revue des premières autorités du département et de la ville, M. le préfet de Belderbusch dut figurer et parler plusieurs fois. J'aurai plus tard l’occasion de parler de M. de Belderbusch, dont l'administration dans le département de l'Oise s'était déjà fait remarquer par une grande fermeté. Ce préfet était un ancien conseiller de