Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 15

1804.

Enfin nous reçûmes l’ordre de partir pour Boulogne, où le camp se formait (1).

La France était dans un état d’exaltation difficile à décrire : la guerre venait d’être déclarée à l’Angleterre et le projet gigantesque de transporter à Londres, sans marins, sans vaisseaux, son armée triomphante était né dans la tête de Napoléon.

De toutes parts et dans les lieux mêmes les plus éloignés de la côte, on se mit à construire des bateaux plats ; chaque ville avait voté la construction d’un navire : Compiègne, pour le département de l'Oise, était le centre des constructions. En quelque temps, tous nos ports de la Manche furent encombrés de ces frêles embarcations sur lesquelles deux ou trois canons à peine pouvaient tenir.

(1) La rupture de la paix d'Amiens et les premières hostilités des Anglais datent de mai 1803.

Dès le mois de juin, le Premier Consul ordonna la formation sur les côtes, de l’Escaut à l’Adour, de six grands camps d’instruction, de 20 à 30 000 hommes, sous le nom d’Armée des Côtes de l'Océan. Des troupes, réunies d’abord à Compiègne, sous le commandement de Soult en attendant celui de Ney, vinrent à la fin de septembre s'établir sur la côte, aux environs de Montreuil, mais ne constituèrent officiellement qu’à la mi-décembre le camp de ce nom, plus tard VIe corps de la Grande Armée.

En même temps, s’établirent auprès de Boulogne, au centre, les troupes rassemblées d’abord à Saint-Omer avec Soult; puis celles réunies à Gand et à Bruges, sous le commandement de Davout, vinrent s'installer à la droite, près de Vimereux et d'Ambleteuse. (Note de l'éditeur.) _