Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

ÉCOLE DE METZ. — CAMP DE BOULOGNE 19

pour entrer dans le port, nous voulons couper au court et nous échouons. Quelle fut notre humiliation, en sortant de l’eau devant toute l’armée accourue sur le rivage, de reconnaître que Le bâtiment qui nous suivait était non pas anglais, mais une chaloupe française qui fit fièrement son entrée dans Boulogne en même temps que nous! Je rentrai dans la ville et repris tout confus la route de Dannes.

Quelques jours après, je reçus l’ordre de transporter ma batterie à la pointe de Berck, entre la Canche et l’Authie. Là, j’achetai pour 200 francs, de Quaglia, que je remplaçais dans ce bivouac, une petite baraque bien construite, composée d’une pièce, et je restai installé ainsi pendant quelque temps, faisant le même service qu'à Dannes; mes cent chevaux occupaient une écurie construite en bois. Notre service n’était pas sans danger. Les Anglais, pouvant quitter à chaque instant leurs bâtiments, nous laissaient constamment sous le coup d’une surprise. Il y en eut bientôt un exemple.

Une chaloupe canonnière française se rendant à Dieppe fut forcée de mouiller sous le feu de ma batterie, en attendant le moment favorable pour franchir la pointe de Berck où une corvette ennemie lui barraït le passage. Pendant cette station, le commandant de l’équipage vint à diverses reprises me visiter. Un jour, de très grand matin, j'entends trois coups de canon partir de la chaloupe. Je