Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
14815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 301
Pendant cette charge, un feu d'artillerie était engagé de part et d'autre. Une fusillade effroyable se faisait entendre à notre gauche, dans le petit bois, en avant du prince Jérôme (1). Le maréchal m'envoie pour reconnaître; je passe au galop près du prince, que je trouve toujours rangé en masse dans le vallon. Malgré les balles qui sifflent à mes oreilles, je m’approche du bois que tient notre infanterie, et je trouve tous les fantassins, postés derrière les arbres, implorant du secours. Le colonel me demande avec instance de faire venir des troupes pour le dégager. Jérôme avait envoyé seulement deux régiments pour enlever ce bois que gardaient 6000 hommes. Ces deux régiments avaient franchi la plaine et étaient parvenus jusqu'au bois, mais ne pouvaient aller plus loin car l'ennemi les foudroyait. Je retourne en toute hâte auprès du prince Jérôme et lui expose avec chaleur que ce bois ne peut être pris de vive force qu'avec sa division tout entière et qu'y envoyer seulement deux régiments, c’est les faire massacrer. Cette position, attaquée de nouveau par le prince Jérôme et le comte Reïlle, fut prise et reprise plusieurs fois pendant la journée.
Je galope près du maréchal Ney, qui venait alors
(1) Il s’agit ici du bois de taillis épais qui défendait au Sud l'approche du château et de la ferme d'Hougoumont. — La brigade du général Bauduin, tué dès le début du combat, (1® léger et æ de ligne) fut lancée à l'attaque la première, puis, soutenue par la brigade Soye (4* et 2 de ligne), elle déboucha du bois pour tourner l’enclos d'Hougoumont. (Note de l'éditeur.)