Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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d'honneur, qui venait d’être créé pour récompenser les actions d'éclat et les services rendus à la patrie (1).

La transformation des sabres et des fusils d'honneur en simples croix ne fut pas du goût de nos vieux républicains. Ils s’écriaient : « Une boîte de rubans que signifie-t-elle? Un ruban peut se gagner dans les antichambres, tandis qu’un sabre ne peut se mériter que sur les champs de bataille. » C'était en effet une belle institution que celle des sabres et des fusils d'honneur : une action d’éclat pouvait seule les obtenir. Les dernières armes d'honneur avaient été données après Marengo.

La présence de Napoléon à Boulogne fut signalée par une multitude de fêtes qu’il n’entre pas dans mon plan de décrire.

En attendant des engagements réels contre l’ennemi, l'Empereur y faisait préluder par des simulacres de guerre que les différents corps se livraient les uns aux autres. Dès le matin, les combats s’engageaient; des fusillades et des canonnades roulaient pendant tout le jour et jusqu’au soir, où la

(4) Le manuscrit porte par erreur la date du 15 août 1805 pour cette distribution solennelle. — Après avoir remis les premières grandes décorations de la Légion d'honneur (instituée déjà depuis deux ans), le 44 juillet 1804, aux Invalides à Paris, l'Empereur vint séjourner à partir du 20 à Boulogne et le 16 août, lendemain de la Saint-Napoléon, eut lieu en grande pompe la distribution des croix d'honneur à l’armée. Au mois d'août 1805, Napoléon de nouveau à Boulogne attendait avec la plus grande anxiété l’arrivée de la flotte de l'amiral de Ville-

neuve, qui aurait permis la traversée du Pas de Calais. (Note de l’éditeur.)