Sur un portrait inédit de Naundorff : (1832)

SUR UN PORTRAIT INÉDIT DE NAUNDORFF 13

très grands yeux, longs, très fendus. (Deux portraits faits au Temple, que possède M. G. M., et dont l’un, tout au moins, date des derniers temps, ne peuvent laisser de doute sur ce point. La miniature de Dumont donne au Dauphin des yeux immenses.) Naundorff, au contraire, a les yeux petits, mal ouverts.

3° Louis XVII avait le nez droit et très différent sans doute de celui de Louis XVI, mais aristocratique, effilé. Naundorff a un nez vulgaire, à la fois pointu et épaté, de la forme — pour nous caricaturale — qu’on rencontre dans certains portraits de Cranach le vieux.

4° Le portrait de Naundortff ne présente à aucun degré le stigmate héréditaire des Habsbourg, presque constant chez les mâles, le prognathisme inférieur (avancement de la mâchoire inférieure). Or, dans une étude célèbre sur les caractères tératologiques des Habsbourg, le docteur Galippe a montré que si « l’étude des portraits de Louis XVII, l’examen des documents relatifs à sa santé et à l’évolution de son système dentaire nous permettent de conclure qu’il avait des anomalies dentaires, mais ne nous autorisent point à affirmer d’une façon rigoureuse qu’il était ou qu’il eût été prognathe inférieur, toutefois cels, pour les raisons exposées, es{ presque certain ».

On pourrait encore tirer argument du teint. De plus, le Dauphin avait les pommettes légèrement saillantes : Naundorf, point, etc., ete {.

Lors donc que le bon « Louis-Charles » envoyait à Charles X son portrait en manière de preuve et semblait lui dire : « Considérez-moi! Suis-je assez Bourbon! suis-je assez Habsbourg! suis-je assez Louis XVIL! », il remettait à « son oncle » un document décisif contre son identité prétendue. Sa miniature nous présente un Allemand qui ne rappelle en rien les races royales de Louis XVI et de Marie-Antoinette.

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Aussi, quelques-uns des traits ou caractères physiques de Naundorfi ont-ils, dès l’origine, visiblement tracassé ses partisans.

1 Voy. l’article consacré par Henri Rochefort dans la Patrie du 12 novembre 1910 au portrait de Louis XVII par Vien (1793). « Par le teint et la couleur des cheveux, il représente le type autrichien de Marie-Antoinette ». — C'est-peut-être seulement la teinte de ses yeux que Naundorff pouvait invoquer. Et encore !.. Gomme, d’ailleurs, il avait les yeux bleus et les cheveux d’un noir nègre, il devait être quelque peu métis. Mais il est facile, à l'examen de tous les portraits, de constater que l'iris des yeux du dauphin était beaucoup plus développé que l'iris des yeux — du reste, asymétriques, — de Naundorff.