Sur un portrait inédit de Naundorff : (1832)
SUR UN PORTRAIT INÉDIT DE NAUNDORFE
(1832) |
« Portroit d’un des Louis XVII » (Charles X).
En avril 1832, Naundorfi, sorti de prison depuis quatre ans à peine, et horloger à Crossen (Prusse, province de Brandebourg), ne tenait déjà plus en place. Il avait, depuis quelques mois, révélé son existence aux gazettes et trouvé en France : 1° un complice, Tort de la Sonde, « forçat libéré » ! et qui prétendait tenir de son oncle de vagues renseignements sur l'évasion; 2° une incroyable dupe, Albouys, ex-magistrat à Cahors et fils de conventionnel, donc légitimiste ultra. De plus, son premier cornac, Pezold, commissaire de justice à Crossen, s’était chargé de dépoui!ler (dans tous les sens du mot) le dossier de ses procès, en même temps que de claironner à tous les monarques et ambassadeurs les prétentions qui, un beau jour, en 1824, près de trente ans après la mort de Louis XVII, étaient venues à son client.
Les démarches de Pezold avaient obtenu, d'ailleurs, le succès qu'on devine. Il est même amusant, — aujourd'hui où l'opinion favorable de la Hollande est officiellement invoquée, — de signaler la réponse du ministre des Pays-Bas près la cour de Prusse : « L'ambassadeur des Pays-Bas, dit Pezold, me rendit la notification avec ces paroles que rien ne justifie : que c’étaient des bêtises déjà connues de lui. » Les autres réponses étaient à l’avenant.
Mais Naundorff a toujours eu « de l'estomac » et n’en était déjà plus à un ironique congé près.
Donc, au mois d'avril 1832, il songeait plus que jamais à rentrer dans son héritage, à envahir la France, à couper la gorge au coq de Louis-Philippe ou à le faire chanter. Et il rédigeait pour le bon Albouys l’ahurissant message qui suit :
À nos amis et féaux. Pour prévenir tout malheur ultérieur, je me trouve engagé à vous charger de faire parvenir le ci-joint [testament] le plus tôt possible à
1 Voir Alfred Bégis, Louis XVII, p. 59.