Tableau historique et politique des deux dernières révolutions de Genève. T. 1-2

210 RÉVOLUTIONS

25 Juin jet que le Comte de Wergennes avait envoyé

1780.

Sms

aux Suifles , & dans les agens qu’il employait au-

qu'elle avait pour but d'éviter au Sénat les ennemis que lui fufcitaient les Jugemens. Cette innovation n’en aurait pas moins contribue à la liberté individuelle ; & cependant, telle était la défiance des Citoyens contre PAuteur de ce plan, que cet article leur paraiflait tout aufli alarmant que les autres. Il ef vrai que le Miniftre n'avait pas eu beaucoup de peine à l’imaginer; car il avait été déjà propofé à Genève dans un des pame phlets qui s’y fuccédaient trop rapidement.

On a bien dû s'attendre que ces bafes dépouilleratent le Confeil Général du droit de rééletion fur le Sénat, ainfi que de l'élection de la moitié du Confeil des Deux. Cent. Mais afin de lever ce que le droit négatif du Sénat offrait d’alarmant, les Bafes propofaient de foumettre les Repréfentations à un Tribunal tiré au fort, & compolé en nombre égal de membres des Confeils & des Citoyens. Ce nouveau Tribunal, où lAriftocratie gagnait tout ce que le fort pouvait ôter aux Citoyens dans la défignation de fes membres, devait décider irrévocablement, & à la balotte, fi la Repréfentation ferait portée au Confeil Général.

Ces Bafés limitaient à huit, le nombre des perfonnes qui pourraient porter une même Repréfentation,

Malgré toute la partialité de ce plan de conciliation, il n’eft point impoflible que, s’il eut été propofé fans menaces & difcuté librement, on n’eut pu en tirer quelques combinaifons favorables à la liberté & à la paix.