Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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titude et, de précurseur de la Révolution devenu auxiliaire et agent de la cour, se tourner vers le plus fort, vers le parti populaire ? Non : il ne changera plus désormais. M. de Loménie lui en fait honneur et le félicite de « s’étre montré plein de respect pour Louis XVI, dans un temps où le meilleur des rois était déjà en proie aux plus infâmes outrages ! ». Il n'est pas impossible en effet que l’ex-gazetier cuirassé ait éprouvé un secret remords de son ancien métier de libelliste et un réel sentiment de fidélité pour les personnes royales ; mais on a le droit de supposer aussi que ce sentiment n'avait rien de chevaleresque, et que Morande ne s'est pas un moment départi de son principe essentiel : gagner avec sa plume le plus d'argent possible. Mirabeau, malgré son génie et son tempérament révolutionnaire, devait se vendre à la cour : Morande, qui ne brillait pas par les scrupules et n'avait jamais obéi qu'aux mobiles les plus bas, restait fidèle à la monarchie parce que la monarchie pouvait payer encore. Jusqu’au 10 août, les pamphlets contre-révolutionnaires de Paris et de Coblenz furent payés par la liste civile ?.

D'ailleurs, Morande prenait de toutes mains.

1. Beaumarchais et son temps, t. I, p. 383. 2. Les papiers trouvés aux Tuileries et lus à l’As-