Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 283

partement de l'abbé Bardy (qui n'était pas encore transféré, comme on l'avait dit, à la Conciergerie); M. Le Nain, après avoir vérifié que Bicètre et la Salpêtrière n'étaient point en feu, comme l’on en faisait courir méchamment le bruit, se rendit au faubourg Saint-Marceau, où l’on trouva des gens attroupés qui lui attestèrent, avec l'inquiétude de la probité, qu’ils ne voulaient point piller les magasins de sucre, mais que la hausse de cette denrée leur causait du chagrin. Il leur conseilla de s'adresser à l’Assemblée Nationale, et ils l'ont fait. Tout ce qui se passait n'inquiétait point M. Pétion. Tout allait bien, selon lui ; le tumulte était apaisé. On cassait cependant encore les vitres de MM. Cholet et Boscaris; on entouraïit les magasins de M. Millot et Ci, et l'on avait blessé dangereusement un commandant de bataillon. Mais tout, au reste, allait bien, et ces incidens légers n’empêchèrent pas M. Pétion de dire que la garde nationale était respectée, que la loi retenait tout le monde, et que la municipalité n’avait point à se plaindre du peuple. » Argus du 25 janvier 1702.

Le journaliste ne prétend pas dire que le maire de Paris reste inactif. Non : pendant que les bas-fonds remontent à la surface et que la tempête populaire se déchaîne, il prend sa plume d'administrateur et libelle un arrêté condamnant à mort « … les chiens qui seront trouvés dans les rues, passé dix heures du soir ». Cet effort a épuisé le pauvre Pétion. Qu'on ne