Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 289

que d'habile braconnier il devienne un gardechasse intrépide !, il méritera que l’on oublie les écarts de sa trop longue jeunesse.» Morande, par d’autres motifs, n’apprécie guère le nouveau ministre de l’intérieur, l'intègre Roland, dont la capacité lui semble douteuse. « Nous sommes arrivés, écrit-il, à l'époque où nous avons plus besoin de talent que d'hommes irréprochables. »

Un ministère composé d'hommes de génie n’eût pas été de trop, en effet, pour faire face à la situation. Du 3 au 8 mars, les séances de l'Assemblée Législative furent, en grande partie, consacrées à entendre la lecture des dépêches qui annonçaient les plus graves désordres sur toute la surface du territoire. A Étampes, une troupe de brigands assassine, en pleine place publique, le maire Simoneau qu'abandonne son escorte de 8o cavaliers du 18° régiment. À Verneuil, 5,000 anarchistes occupent le marché et dévastent les campagnes. A Corbeil, à Montlhéry d’autres bandes taxent les grainset font la loi aux autorités. 4,000 hommes, sortis du faubourg de Marseille, ont chassé d’Aix le régiment Ernest. Malgré son optimisme d'emprunt, Mo-

. Morande applique ici à Clavière le compliment que Beaumarchais avait adressé au Gaxetier cuirassé; après sa conversion.

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