Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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éclaté dans près de vingt départements, l’armement des Marseillais et les assassinats qui se commettent cà et là, tant dans la capitale que dans les diverses villes du royaume, sont autant d'essais que font nos ennemis, soit pour détruire le gouvernement élabli, soitpour dégoûter le peupledela liberté. Que ces projets sont vains! Jamais les Français ne perdront de vue qu'ils sont libres; jamais on ne leur persuadera de cesser de l'être. On aura beau rappeler aux Français les jouissances délicieuses de l’ancien régime, ce n’est plus de celles-là qu'ils sont jaloux. » Ces déclarations une fois faites, —et elles ne manquaient pas d'à-propos, au moment où l’on accusait le roi de méditer une Saint-Barthélemy de patriotes, — Morande ne conserve pasd’illusionssurla véritablecausedes désordres qui se produisaient aux quatre coins du territoire. Suivant lui, il est ridicule d’en accuser le roi. « Les écrivains incendiaires, dit l’Argus du 20 mars, les attribuent tous indistinctement au Pouvoir exécutif, comme s’il était à supposer que le Pouvoir exécutif, qui est déjà sans force pour faire exécuter la loi, voulût s’affaiblir encore davantage... » Les émigrés peuventbien avoir prêté la main au désordre dans certains cas particuliers; mais le rédacteur de l’Argus estime qu'il y a des gens beaucoup plus dange-