Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET LA RÉVOLUTION. 299

cette sommation : « Je m'y rendrai volontiers, pourvu que l'on place sur un char de triomphe le buste de Desilles, massacré à Nancy, afin que le peuple puisse voir l’assassiné au milieu des assassins ! »

Cependant les évènements se précipitent. Le 20 avril, Dumouriez vient, au nom du roi, proposer à l'Assemblée Législative de déclarer la guerre au roi de Hongrie et de Bohême; et la déclaration de guerre est votée par l'unanimité des représentants, moins quatre ou cinq voix. On sait les premiers incidents de la guerre, aggravés par l'indiscipline de nos troupes, en face de l’ennemi. Le ministre de la guerre, après l'assassinat du général Dillon à Lille, vient déclarer à l’Assemblée « qu’il ne peut plus y avoir d'armée, si les soldats ne respectent plus leurs chefs ». Et le ministre (M. de Grave) donne sa démission. Les généraux Biron, Rochambeau, se plaignent hautement de l'insubordination de leurs soldats que les déclamations furibondes de Marat, dans l’Ami du peuple, provoquent publiquement à l'assassinat des chefs. Le maréchal Rochambeau, dans une lettre au roi, que reproduit l’Argus du ro mai, s'exprime en ces termes : « Je n’ai rien vu de pareil à ce que je vois, et j'espère que V. M. me dispensera de le voir longtemps. Tous ces non-succès feront