Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle
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feuille intitulé London evening post, à la date du 26 novembre 1773. De plus, Laura-
qui garda l'anonyme. On m'’assura qu'ils étaient de M. de Lauraguais, et ils n'étaient point de lui. Je fis imprimer une réponse àces vers; et je fis un pamphlet pour répondre à l’article qui me concernait dans le mémoire. J'en lus les épreuves à quelques amis de M. de Lauraguais, qui avait sur moi l’avantage de connaître les loix de l'Angleterre, où je ne faisais que d'arriver : il me fit un procès pour ce libelle, et l’attaque fut dirigée plus habilement que la défense. Nous étions arrivés à la veille du jugement, lorsqu'une conférence entre l’avocat de M. de Lauraguais et le mien termina ce procès. Je consentis par mon procureur à brûler la réponse que j'avais faite au mémoire. Le faussaire, le calomniateur Brissot affirme que « je m'agenouillai publiquement, et que je fis l’amende honorable la plus humiliante ». De pareilles assertions n'auraient pas besoin de réponse; mais je veux répondre à tout. Ma réponse fut brûlée chez l’avocat de M. de Lauraguais. Trois ou quatre gazettes, au lieu d'une, rendirent compte le lendemain de cet évènement, chacune à sa manière. On commence à connaître en France ce que sont les versions différentes d’une même affaire, et le cas que l’on doit faire d’un paragraphe de gazette. Mais voilà la véritable version de ce qui s’est passé entre M. de Lauraguais et moi. » Morandeajoutequ’ilarevu M. de Lauraguaïis à Londres en 1774, et que leurs relations ont été excellentes. Ce qui aurait d’abord aigri le comte contre le libelliste, c’est qu’on aurait répandu le bruit que le noble gentilhomme avait collaboré au Gazetier cuirassé, et les mauvaises langues prétendaient que Morande prenait lui-même plaisir à confirmer cette médisance ou cette calomnie,