Trois amies de Chateaubriand

PAULINE DE BEAUMONT 27

siens. Puis il voulut revenir; pour l’écarter, M. de Montmorin le menaça d’une lettre de cachet, tout de go, vu que ces bons moyens avaient encore leur efficacité. Dès lors, il ne valut rien du tout. On le connut qui, pour éviter les ennuis de la Révolution, se prévalait d’un vif républicanisme et utilisait la fâcheuse amitié d’un certain Préey, lequel paraît avoir été Fun des plus zélés ennemis de Montmorin.

La comtesse de Beaumont vécut séparée de son mari, et parfaitement libre. En 1800, elle divorça; et voilà un signe des temps. La dernière des Montmorin ne s'était pas résignée à n’être pas heureuse. Un goût nouveau s’est emparé des âmes et les lance à des aventures, le goût du bonheur.

Chateaubriand, lui aussi, se maria; et il oublia sa femme, à peu près comme Pauline de Beaumont son mari. Sil ne divorça point, c’est peut-être que la démarche n’était pas commode à l’auteur du Génie du Christianisme; c'est peut-être aussi que Pauline de Beaumont mourut; et enfin c’est peut-être qu’alors, curicux de diverses femmes, il ne souhaita pas de remplacer celle qui était la sienne par telle autre tout uniment. Mais il appréciait la vie conjugale de telle sorte que, de Rome où le cardinal Feseh lui était insupportable, il écrivit à son ami Fontanes : « Voilà où m'ont conduit des chagrins domestiques; la crainte de me réunir à ma femme m’a jeté une seconde fois hors de ma patriel. »

1. Lettre citée par l'abbé G. Parrnès, Chateaubriand, sa femme et, ses amis (Bordeaux et Paris, 1896), p. 455.