Trois amies de Chateaubriand

46 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

désirait d'éviter une discussion. Cette nuit-là, Montmorin sut définitivement que le roi, très bon, serait difficile à sauver,

Pauline de Beaumont, que son père adorait?, fut au courant de ses angoisses. Etalors commencèrent pour elle les transes.

Montmorin ne lui confa-t-il pas, bientôt, qu’il travaillait avec Mirabeau?.…. Il n’avait pas eu aisément raison du dégoût que le personnage lui inspirait. Mais, que faire? Il était, d’ailleurs, assez content du gaillard et lui savait gré de haïr 'As-

-semblée constituante...

— Il n’est pas plus intéressé qu'un autre, disait Montmorin, avec une tristesse narquoise; du reste, je lui donne tout ce qu'il veut. Présentement, il se contente de douze mille livres par mois.

Le roi lui a signé des billets pour deux millions cinq cent mille livres, à lui payables dès que son plan contre-révolutionnaire sera exécuté,

Le 2 avril 1791, terrible aventure : Mirabeau est mort, que Montmorin considérait comme ile dernier espoir de la monarchie. Et l’on peut imaginer ce tableau bizarre : Pauline de Beaumont que désole la mort de Mirabeau. Maïs le tribun lui-même, dans les derniers temps, n'avait pas gardé beaucoup de confiance : il annonçait à ses amis que tout cela finirait,

1. MaALouET, Mémoires (Paris, 1868), t. I, p. 342.

2. Mémoires du comte Dufort de Cheverny, publiés par M. RoBERT DE Crèvecœur (3 éd., 1909), t. ITT, p. 276.

3. Mazrer pu PAN, Mémoires et correspondance (Paris, 1851), tome [, p. 229.