Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 123

au marquis et lui demandait son jour et son heure, afin d’aller le surprendre en toute quiétude. Les commissaires tinrent eonseil, et ce fut, ce soir-là, Lalande et Boyvent qui couchèrent en prison Î.

Tel fut le dénoûment inattendu de l'expédition : s'il ne tourna pas au tragique pour le maire de Saint-Ouen, c’est que celui-ci se démena si bien, protesta avec tant d’éloquence de son attachement à la Révolution, qu'il parvint à attendrir les commissaires : il fit réclamer sa mise en liberté par les officiers municipaux de sa commune? et l’obtint après quelques mois de détention. La leçon pourtant lui profita au point qu'il en perdit toute velléité de se mettre en évidence : l’accusation de complicité avec les conspirateurs pouvait être mortelle : Thomas Lalande se tint pour mort

4. Rapport de Varin. — Archives nationales, Dxrl°.

2, « Les officiers municipaux et notables de Saint-Ouen-de-laRouërie certifient que le sieur Julien-Marguerite Thomas (dit Lalande), maire, s’est toujours comporté en bon citoyen, a donné des preuves de patriotisme. Il a été le premier à faire enlever les armoiries du sieur Tuffin de la Kouërie et autres qui étaient autour de l'église de Saint-Ouen, a fait ôter les bancs seigneuriaux, a fait enlever les fusils de M. Tuffin qui sont déposés chez ledit Thomas. À soutenu un procès contre Tuffin, qui accusait Thomas d'avoir enlevé le cœur de son père, ce qui était faux. Tuffin s'était vanté de faire périr la municipalité de Saint-Ouen et Thomas. Le 20 du mois dernier (mai), Tuffin avait demandé un détachement de la garde nationale sous prétexte de repousser les brigands; maisThomas comprit que c'était une ruse (LL juin 1792). — Archives nationales, W, 275.