Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

470 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

demain au château et se proposait d'y passer quelques semaines. Mon grand-père répondit que M. de la Rouèërie serait chez lui le bienvenu. Mais il ajouta que sa maison était suspecte et fort surveillée; un grand nombre de gens, dont ilne pouvaitrépondre, yaffluaient ; la présence du chef de l'association serait immanquablement signalée aux autorités de Dol et de Saint-Malo, qui amèneraient de forts détachements de troupes pour le saisir. M. de Noyan était bien décidé à ne pas laisser exécuter chez lui une arrestation dont il prévoyait les conséquences, mais à résister et à périr dans les murs de son château plutôt que de se rendre; M. de la Rouërie ne devait donc y venir que s’il voulait partager cette chance‘.

Soit que la Rouërie ne consentit pas à compromettre son vieil ami, soit, plutôt, que le comte de Noyan, dont la franchise était sans détours, n'eût pas caché à Thérèse de Moëlien que la retraite du marquis à Jersey pouvait seule sauver la vie de ses affiliés, elle détourna son cousin de venir se réfugier à la Mancellière.

Accompagné seulement de Loisel, dit Fricandeau et de Saint-Pierre, le proscrit passa la Rance et s’enfonça dans le cœur de la Bretagne.

1. Portrails de Famille, par le comte de Sainte-Aulaire.