Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

224 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

prenant un scalpel, lui fit sur les bras, sur l’abdomen et sur les cuisses de larges incisions dans lesquelles il glissa de la chaux : il espérait ainsi activer la décomposition. On descendit aussitôt le cadavre nu dans la terre, on le recouvrit de la chaux que la Chauvinais avait pris la précaution d'apporter! : le sol fut ensuite égalisé et piétiné, et l'on planta sur la tombe, pour en mieux dissimulera la trace, un pied de houx?. A minuit, tout était terminé.

Le lendemain, dès l’aube, M"° de la Guyomarais fit appeler Perrin et lui recommanda sur tous ces faits le plus profond silence : les autres serviteurs de la maison ne paraissaient pas s'inquiéter beaucoup de ce qu'était devenu le « Monsieur » dont

4. Voici, sur cette inhumation, la curieuse déposition de la Chauvinais, que Mie de la Guyomarais a bien voulu nous communiquer :

« Après la mort de Gasselin, M" de la Guyomarais me demanda si je ne connaissais pas un endroit où on püt enterrer le cadavre de manière à en dérober la connaissance. Je lui répondis que non : au surplus, on prit le parti de l’enterrer le soir du même jour, dans un petit bois, où je portai la chaux destinée à le consumer, examinant si quelqu'un pouvait nous apercevoir et nous Surprendre; rassuré, je me rendis à la fosse que j'avais commencé à creuser et que le jardinier achevait. Je trouvai là un chirurgien de Saint-Servan, nommé Lemasson, qui fit des incisions aux diverses parties du cadavre, dans lesquelles on versa de la chaux. Ensuite le jardinier Perrin, Loisel, son domestique Franche et moi le descendimes dans la fosse, le couvrimes de chaux, ensuite de terre, et plantâmes du houx sur la tombe. »

2, Et non des choux, ainsi que le dit le Bulletin du Tribunal Révolulionnaire.