Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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252 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

un dernier interrogatoire! : le père de famille consentit à répondre, espérant assumer sur lui la responsabilité tout entière; mais l’espion n'était pas homme à lâcher sa proie; le lendemain, 27 février, le château fut mis au pillage sous prétexte de perquisition ; dans le double fond d’une armoire, on découvrit les effets et la valise vide du marquis de la Rouërie, trois fusils « armés et amorcés, prêts à faire feu », des cartouches, des balles, des munitions de toutes sortes, et, ce qui plaisait plus encore à Lalligand, de l’argenterie et des assignats dont il s’empara, les croyant faux, « pour les faire vérifier », disait-il. Le linge, les hardes, certains meubles même, furent chargés sur un chariot, et, le 28, vers six heures du

on la toucha ; il n’en resta qu'un fragment de l'os frontal, que M'e de la Guyomarais fit parvenir au comte de la Belinaye, parent du marquis.

1. Dans le procès-verbal de Petitbon, ces interrogatoires suivent immédiatement ceux des autres habitants du château que nous avons résumés ci-dessus ; seulement ils ne portent plus, comme les précédents, l'indication du jour ou de l'heure. Or ils ont eu lieu le 26 au soir, tandis que les autres étaient de la journée du 25. Entre ces deux séries d’interrogatoires, il y avait eu — les rapports officiels d'Olivier Ruperou et de Lalligand-Morillon en font foi, — un intermède : l'exhumation du corps de la Rouërie. Petitbon ne souffle mot de cette exhumation : Lalligand ne voulait pas que l’on connût à Paris l’odieux moyen dont il s'était servi pour vaincre l’obstiné silence des prévenus. Cette lacune dans une pièce officielle est une nouvelle preuve de la véracité des souvenirs de Casimir de la Guyomarais : si l’exhumation, en effet, avait été faite avec la décence convenable, on n'aurait pas eu besoin d'en taire les détails dans le procès-verbal envoyé à Paris.