Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

270 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

il n'y à aucune trace matérielle ; tout s’est passé dans l'ombre du mystère.

Les soupçons de Sicard étaient justifiés : il nous paraît bien probable que les trois filles de Desilles avaient acheté à Lalligand la liberté de leur père.

Pendant huit jours l'espion séjourna à la FosseHingant, poursuivant son enquête : il avait ouvert le bocal et fait l'inventaire des pièces qui y étaient renfermées!: toutes établissant la complicité de Desilles et la véracité des délations de Chévetel. Outre les lettres autographes du comte d'Artois, les commissions en blanc, les minutes des proclamations de la Rouërie, les inventaires d'armes et de munitions, on y trouva mention des cotisations versées par certains affiliés, Locquet de Granville ?, Groult de la Motte ?, Morin Delaunay #, Thérèse de Moëlien, et aussi le nom de Thomazeau ÿ, quincailler à Saint-Malo, qui avait fourni des armes,

1. Nous avons donné, dans le cours de cette étude, le texte presque complet de ces pièces; nous nous contentons donc de renvoyer le lecteur aux pages où elles sont citées.

2. Félix-Victor Locquet de Granville, trente-trois ans, sans profession, demeurant à Saint-Malo, rue de la Fosse : il avait une mère infirme et deux jeunes enfants.

3. Groult de la Motte, capitaine de vaisseau, cinquante ans, demeurant à Saint-Coulomb, maison de la Motte.

4. Guillaume Morin de Launay, ci-devant lieutenant général de l'amirauté de Saint-Malo et président du Tribunal des Traites. cinquante-six ans, demeurant à Saint-Malo, rue de la Vicairerie.

5. Louis-Nicolas Thomazeau, marchand, cinquante-trois ans, demeurant à Saint-Malo, près la Grande-Porte,