Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

300 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

La quiétude du vieux gentilhomme déconcertait la suspicion ; ses paysans d’ailleurs lui étaient dévoués, et sa considération s’étendait fort loin dans le pays. Les autorités mèmes du district de Dol lui étaient personnellement bienveillantes, et, dans l'incertitude des événements à venir, se souciaient peu d’encourir l’inimitié de la famille la plus puissante du canton!. Une première visite domiciliaire à la Mancellière n'avait rien fait découvrir de suspect: les commissaires avaient procédé avec une certaine politesse et s'étaient relirés avec force excuses. Quelques jours se passèrent; M. de Noyan se jugeait à l'abri de toute nouvelle poursuite, et sa fille ellemême reprenait confiance, quand, le matin du 24 avril 1793 ?, en entrant de bonne heure dans la chambre de sa mère, le jeune Louis la trouva

1814; député pendant la Restauration, il soutint la politique de son gendre, M. Decazes. Ambassadeur à Rome en 1831, à Vienne de 1833 à 1841, à Londres de 1842 à 1848, il fut nommé membre de l'Académie francaise en 1841 et mourut en 1854.

1 « Le 21 avril 1793.

« Les citoyens municipaux de la ville de Dol ont arrêté et arrêtent de faire des recherches et perquisitions chez Louis-René Ranconnet, à la Mancellière, à l'effet de reconnaître s'il n'aurait point chez lui d'indices de quelque liaison coupable avec les ennemis de la République; de nommer en conséquence pour commissaires les citoyens Lodin et Merdrignac et de requérir un détachement de quatre-vingts gardes nationaux de la commune de Dol pour accompagner ces commissaires qui se transporteront demain matin au lieu de leur destination. » — Archives de la Mairie de Dol.

2, Archives nationales, W, 274.