Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
382 LE MARQUIS DE LA ROUTËRIE
leur château séquestré et leurs biens saisis. Que devinrent-elles ? Nous l’ignorons ; elles disparurent, soit qu'elles eussent trouvé le moyen de gagner les îles anglaises, soit, ce qui parait plus probable, qu’ellesse fussent retirées dans quelqu'une de ces communautés secrètes, refuge mystérieux des religieuses chassées de leurs couvents. Il n'y avait pas, aureste, de sécurité pour elles en Bretagne: leur cousin Picot de Limoëlan, que nous avons vu servir le marquis de la Rouërie en qualité d’aide de camp, menait par le pays des bandes de chouans, faisant aux bleusune guerre d'embuscade acharnée. Il joua plus tard, dans l'affaire de la machine infernale, le principal rôle, parvint à dépister les policiers de Fouché et gagna l'Amérique, où il mourut prêtre en 18261.
De tous ceux qui vécurent dans l'intimité de la Rouërie, celui-là fut un des plus heureux : on a vu quel avait été le sort de Pontavice, de Fontevieux etde Thérèse de Moëlien ; les autres commensaux du marquis ne furent pas moins éprouvés. Le major Chafner, réfugié d’abord près des Princes, rentra en France dès qu’il eut appris l'exécution de ses amis : il voulait, sinon les venger, du moins lutter contre leurs bourreaux, et il prit rang dans l'armée vendéenne ; sa trace se perd là. On assure que, fait
1. À Charles-Stown, le 29 septembre.
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