Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

UN GENTILHOMME D'AUTREFOIS 27

Rouërie, de Chatillon, etc., soient servis chacun par un de leurs domestiques ! ». Trois jours plus tard, c’est l'autorisation de laisser entrer à la forteresse deux cent quarante bouteilles de vin de Bordeaux, que les États de Bretagne envoient à MM. les gentilshommes prisonniers ?. Leur correspondance est remise fort régulièrement, et on autorise le gouverneur à « leur donner plumes, encre, papier, couteaux, ciseaux, montres, promenades, en un mot à faire pour eux tout ce qui est possible? ». L'un des détenus, M. de la Fruglaye, obtient l’autorisation de recevoir son fils, «auquel il est permis de diner avec son père et de venir, s’il le juge bon, s'enfermer avec lui“ ». Le 21 août, on loue un billard qu'on place dans la chambre du major « pour l'amusement de MM. les gentilshommes bretons ». Si, comme on l’a dit, la Bastille était le résumé des rigueurs de l’ancien régime, on reconnaitra qu'elles étaient acceptables : la Révolution, qui détruisit l'antique gedle, se hâta d’en élever vingt autres bien autrement rudes et dont les gardiens se préoccupaient peu de « l’amusement » des détenus.

1. Bibliothèque de l’Arsenal, Dossier Chatillon. , 2. Lettre de M. de Crosne à M. Beaugeard, trésorier général des Etats de Bretagne. Bibliothèque de l'Arsenal, Fonds Bastille.

3. Registre de la Bastille. Renseignement communiqué par M. Alfred Bégis.

4. Le Livre d'Ecrou de la Bastille, par M. Alf. Bégis.