Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

UN GENTILHOMME D’AUTREFOIS 35

on dédaigna ses conseils, et « il lui fallut retourner à la Rouërie planter ses choux! ».

Mais les plantations ne l’amusaient plus. Dans son château inachevé il s’enferma, rongeant son frein, réduit à assister, de loin, en spectateur, aux débuts de la Révolucion, n’ayant pour confident de sa rage palriotique et de ses désappointements électoraux que le fidèle Chafner, «qu'il idolâtrait et qu'il ne quittait jamais? », — car il était l'homme des sentiments excessifs. Ce Chafner ne passait pas, cependant, pour un compagnon bien divertissant: «D'une famille obscure et pauvre, racontait plus tard M°° de Langan qui l’avait souvent rencontré, il était, à la vérité, bel homme ; j'entendais dire qu'il avait beaucoup d'esprit, mais il fallait le deviner, car il parlait très mal le français, et j'ai toujours pensé que, pour conserver sa réputation d'homme aimable, il faisait bien de ne pas l’apprendre, car on interprétait toujours à son avantage ce qu'on n'entendait pas, et c'était là ce qui lui valait tant de succès 3. » |

Le marquis vivait, au reste, en mésintelligence

1. « Je me rappelle avoir vu M. de la Rouërie, au Bois-Février, tàcher d'amener mon père àcette opinion ; maisil perdit son temps près de lui comme près des autres. » — Notes de M" de Langan de Bois-Février, publiées par M. le vicomte le Bouteiller. — Journal de Fougères, 1892.

2. Souvenirs inédits de Mv° de Langan de Bois-Février.

5. Souvenirs inédits de M de Langan de Bois-Février, Journal de Fougères.