Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

58 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE vèrent chez Marat que la D'° Victoire Nogait!, sa femme de confiance. Ils durent se contenter d'apposer les scellés dans l'appartement?, aux mansardes du sixième étage abritant l'atelier de composition du journal l’Ami du peuple et sur la porte de la cave où étaient installées les presses.

De semblables gages donnés au parti de la Révolution, les relations que les circonstances firent naître entre Chévetel et les patriotes en vue amenèrent insensiblement celui-ci à prendre rang parmi les adversaires de la Royauté. Les événements avaient, pendant les mois qui suivirent, accentué celte situation. Il voyait familièrement Danton ct ses amis, et, lorsque la Rouërie revint de Coblentz, au mois de juin 1791, Chévetel comptait au nombre des démocrates avérés. Il u’eut garde de révéler à son ancien protecteur son accession aux idées nouvelles; de son côté, le marquis n'avait aucune raison de soupconner ce revirement. Si le couronnement de ce récit a bien fait comprendre le caractère de la Rouërie, on l'a jugé

1. Victoire Nogait, fille, vingt-quatre ans, chargée de veiller aux affaires du sieur Marat et d'une partie de sa confiance. Archives nationales, Dxxixr, 63.

2. L'appartement de Marat, au rez-de-chaussée de l'hôtel de la Fautrière, se composait « d'une antichambre, d'une chambre à coucher à droite, d'un salon, au fond dudit antichambre, et d’un retranchement pratiqué dans ledit salon, rempli de feuilles de l'Ami du Peuple. » — Archives nationales, Dxxixr, 63.