Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

30 CHAPITRE PREMIER

III VIE A° PARIS ET EN PROVINCE (1719-1788).

Rentré en France, d’Antraigues réussit à obtenir, comme une récompense due à sa campagne scientifique, le brevet et le rang de colonel de cavalerie; bien qu'il abhorrät la profession des armes, il avait et il garda toute sa vie le goût des- honneurs qu'elle procure. Sans plus reparaître au régiment, il partagea sa vie entre Paris et ses domaines du Vivarais.

A la Cour, il fréquentait des amis puissants, tels que d'Angiviller, le surintendant des bâtiments, les Polignac et leur inséparable commensal Vaudreuil. À Paris, il s'était logé au coin de la rue de Miromesnil, en vue des Champs-Élysées, chez le spirituel vicomte de Ségur, et il recherchait, en même temps que certains gentilshommes d'esprit hardi et de mœurs faciles, les gens de lettres, de: théâtre et de finances. De belle figure et de noble prestance, très goûté dans les salons pour sx conversation, il se sentait attiré vers tous les genres de curiosité, de jouissance ou d’ambition, et ses succès eomme homme du monde et bel esprit semblaient lui présager, les circonstances aidant, des triomphes politiques.

Il lui convenait d’être et de paraître encyclopédique dans ses aspirations et ses études. Un jour, on le voit s’aboucher avec le physicien Romé de Lisle pour apprendre de lui à mesurer l'altitude de ses montagnes; un autre jour, il recueille au Jardin des plantes les savants aperçus de Buffon sur les races humaines; de là il passe à des cours de chirurgie, dans l'atelier de Greuze,