Un collaborateur de Mirabeau : documents inédits

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Texte du Moniteur

les enfants d’un même père, créaient quelquefois, en dépit de lui, un riche et des pauvres, un protecteur hautain et d’obscurs subordonnés; lois corruptrices qui semaient les haines 1à où la nature avait créé la fraternité, et qui devenaient complices de mille désordres, si pourtant il west pas plus vrai de dire qu’elles les faisaient naître. Il ne suffit pas d’avoir détruit jusqu'au dernier vestige de ces lois funestes ; il faut prévenir, par de sages statuts, les passions aveugles qui n'auraient pas des effets moins pernicieux que ces lois mêmes : il faut empêcher l’altération qu’elles apportent insensiblement dans l’ordre civil. Voyez, Messieurs, l’état actuel de la société; considérez-le comme un dernier effet de nos institutions et de nos lois, comme un résultat de ce qu'ont été et de ce qu'ont fait nos devanciers. Voyez dans ce résultat pour combien on peut y faire entrer tout le mal qu’a produit, pendant des siècles, le vice de nos loïs testamentaires et la monstrueuse inégalité de partages qui en a été la suite. Certainement vous trouverez par cette analyse que ces mauvaises lois ont fortement contribué à écarter de plus en plus la société de la nature; vous trouverez qu’il ne sera pas indifiérent, pour l’y ramener, de tarir cette source d’écarts et de désordres. Ce serait done une résolution juste en elle-même ; Conforme à la nature des choses, et

Brouillon de Reybaz

même père crée quelquefois, en dépit de lui, un riche et des pauvres, un protecteur hautain et d'obscurs subordonnés, lois corruptrices qui sèment la haïne là où la nature avait créé la fraternité et qui sont complices des plus funestes passions, s’il n’est pas vrai de dire qu’elles les font naître. Il ne suffit pas de détruire jusqu'au dernier vestige de ces lois séductrices, il faut prévenir par de sages statuts les passions injustes qui ne naissent que trop d'’elles-mêmes dans le cœur des hommes, il faut empécher l’altération qu'elles apportent insensiblement à l'ordre civil.

Voyez, Messieurs, l’état actuel de la société, considérez-la comme un dernier effet de nos institutions, de nos lois, comme un résultat de ce qu'ont été et de ce qu'ont fait nos devanciers; voyez dans ce résultat pour combien lon peut y faire entrer tout le mal qu'a produit pendant des siècles la folie de nos lois testamentaires et les partages vicieux qui en ont été la suite.

Certainement vous trouverez par cette analyse que ces mauvaises lois ont fortement contribué à écarter de plus en plus la société de la nature ; vous trouverez qu'il ne sera pas indifférent pour l'y ramener, de tarir cette source d’écarts et de désordres. Ce serait donc une résolution juste en elle-même, conforme à 1a nature des choses et