Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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des gens dans les relations extérieures, qu’il l’est de faire régner le droit privé dans les relations entre les citoyens. Ici, Gentz et d'Hauterive sont absolument d'accord ; naturellement c’est l’Europe qui les intéresse en premier lieu, l’Asie et l’Afrique étant encore plongées dans la barbarie, l'Amérique étant partagée entre l'Angleterre, les Etats-Unis, l’Espagne et le Portugal. Aussi, quand d'Hauterive se demande s’il faut un droit public à l'Europe ‘, il conclut à la nécessité d’un tel droit pour la prospérité et la tranquillité des Etats.

Gentz est au moins aussi catégorique. Sa théorie est «que les règles du droit des gens doivent être aussi sacrées entre les Etats que les lois à l’intérieur d'un Etat ; qu'aucune considération politique, même la plus importante, n’excuse une action contraire au droit ; que parmi tous les points de vue de la politique, celui de la justice doit être absolument, et dans toute conjoncture possible, celui qui domine tout ; que celui qui prend des mesures injustes ne peut être excusé ni par sa situation, ni par ses besoins, ni par le but qu’il se propose, ni par une espérance quelconque pour l’avenir, ni par un prétexte d’intérêt général®., Ce sont là les idées de Kant et de sa

1. D'Hauterive. Up. cit, p. 48-56. 2. Von dem politischen Zustand.…, p. 132-133.