Un faux Louis XVII : le baron de Richemont en Alsace 1848-1851
—— 20 —
‘portaient le nom Dubois de Néhaut, ancien magistrat, M. Dubois me pria de prendre lecture de la susdite lettre dans laquelle M. Tribu-quet lui annonçait que récemment il était venu à Frohsdorf un abbé Lienhart, se disant envoyé par la Mère Alphonse, par son confesseur, par l’Evêque de Strasbourg; ajoutant qu’il était chargé de faire connaître à Son Altesse Royale, Mme la duchesse d'Angoulême “les faits extraordinaires qui se passaient à Niederbronn et qui prouveraient l’existence de Louis XVII, frère de la duchesse. La lettre affirmait que M. Lienhart eût une audience de la Reine qui lui disait entre beaucoup d’autres choses, qu’elle était convaincue de la mort de son frère, qu’elle ne comprenait pas comment un évêque pouvait -se laisser tromper par une visionnaire, etc. ».
Je répondis à M. Dubois que la lettre contenait des choses tout à fait inexactes, mais qu'avant de les signaler il importerait peut-être de lui exposer en abrégé, pour être transmise à la famille royale, toute l’histoire de la Mère Alphonse et des événements qui ont eu lieu à Niederbronn, depuis la manifestation de l’état extraordinaire de cette personne jusqu’à ce jour. J’en fis effectivement un récit succinct, regrettant de n’avoir pas sous les yeux les nombreux documents qui s’y rapportent, de ne pouvoir citer textuellement et d’être obligé de m’en rapporter à ma mémoire ; que cependant je garantissais le fond etc...
M. Dubois prit des notes.
Arrivé au mois de mai 1851, je racontais à M. Dubois comment M. l'abbé Lienhart est venu me trouver, en tournée pastorale, pour me dire que la Mère Alphonse lui conseillait de faire ce voyage de Frohsdorf!) et de m’en demander la permission; que je lui ai répondu que je ne m’opposerais pas à ce voyage, que cependant je lui défendais de se présenter comme envoyé par moi; que tout ce -que je pouvais faire était de lui donner un ceZebref ?) comme à tout autre prêtre qui se met en voyage ; que je lui avais fait observer que -probablement il ne serait pas reçu par la duchesse, mais que si contre mon attente il obtenait cette faveur et qu’on voulut entendre le récit de ce qui se passait à Niederbronn, je l’autorisais à dire à la famille royale, que seul je suis en possession de tous les documents y rela-
1) Se faisant sans doute l'écho du désir personnel de M. Lienhart
2) Mgr Ræss remit encore entre les mains de M. Lienhart une lettre à M. Hurter qui habitait Vienne, Dans cette lettre datée de Ferrette, 20 mai 1851, il pria le avant de donner des conseils à M. Lienhart : e Quant à moi je reste simple observateur, dit-il, et abandonne tout au bon Dieu ».