Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

236 UN HIVER A PARIS

femmes sont de jolies personnes (1), Mme Macdonald peut même passer pour une beauté. Comme détail de toilette. les femmes des généraux étaient couvertes de bijoux ; celles des sénateurs et des conseillers d’État n’en portaient point.

À propos de toilette, j'ai la fantaisie de m’étendre un peu sur les chapitres de l’ameublement et de l’alimentation, qui ne sont pas sans connexité avec le linge des vêtements. J'ai fait quelques observations à cet égard, en me reportant au passé d'il y a douze ans. A ce triple point de vue, du haut en bas de l’échelle sociale, le luxe a augmenté étonnamment. Voici, comme spécimen d'habitation bourgeoise, un aperçu du logis de mon tailleur, Arth. C’est le faiseur que m'avait indiqué le propriétaire du luxueux Hôtel de Courlande, — mon premier gîte, — jurant que Arth est l'unique tailleur digne d’habiller sa clientèle.

Malgré une recommandation inquiétante pour la bourse, je dois convenir qu’Arth sert honnétement et à des prix raisonnables. Aimant à voir les choses de près, je me suis transporté chez mon fournisseur, sous prétexte de rappeler une commande.

Il habite le second étage d’une maison très convenable. J'ai pu jeter un coup d’œil sur quatre belles pièces qui communiquent; deux sont des chambres à coucher, garnies de grands rideaux de lit et de fenétres en damas jaune, de beaux fauteuils en peluche assortie, de tables et d’armoires en ébène; sur les cheminées, de magnifiques pendules; contigu à ces chambres, l'atelier est coquettement installé. IL doit y avoir d’autres pièces; Arth s’est en effet excusé de ne pas m’introduire dans des chambres occupées pour le moment par des personnes de

(4) Lecourbe avait épousé, le 22 novembre 1801, Marie-Josèphe Barbal; Macdonald s'était marié en secondes noces, en 1800, avec Zéphirine de Montholon, veuve de Joubert, tué à Novi.