Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

29-mars 1803.

Dimanche, par une matinée splendide, j'ai fait mon excursion projetée à Saint-Germain. Parti avec un ami, à huit heures, dans un bon cabriolet,

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nous sommes arrivés à dix heures, ayant eu le temps de déjeuner à mi-chemin dans une aimable société d'officiers que nous avions rencontrés. La route, bien entretenue, était parcourue par une foule de voitures et de cavaliers ; elle passe devant la Malmaison (1), vieux bâtiment d'aspect mélancolique, entouré de larges fossés et de murs élevés, situé au milieu d’une campagne dénudée. Nous ne nous y sommes pas arrêtés, comptant visiter au retour la résidence consulaire. Nous désirions arriver tôt pour faire notre visite, avant la parade, au colonel Lahoussaye (2)

(4) La Malmaison fut achetée comme bien national par le banquier Le Coulteux de Canteleu et cédée à Mme Bonaparte en 1798, pendant que son mari se trouvait en Égypte. Le domaine remonterait à l'invasion des Normands, qui y commirent de grands ravages: d'où les noms Halus portus, Malamansio. Joséphine en fit une des plus belles résidences des environs de Paris.

(2) Armand Lebrun, comte Lahoussaye, né en 1768, général de brigade en 1804. Ses belles charges à Eylau lui valurent le grade de divisionnaire ; il eut le titre de comte de l'Empire en 1808. Blessé à la Moskova, prisonnier en Russie jusqu'en 1814, il devint inspecteur général de la cavalerie sous Louis XVII.