Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

UN HIVER À PARIS

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Mais quand l’état de la peinture a nécessité une restauration plus sérieuse, il est facile de s’apercevoir que ce n’est ni Raphaël ni un de ses élèves qui a tenu le pinceau. Le vernis épais et luisant, étendu sur certains tableaux, produit aussi un effet déplaisant.

Je n'ai pu résister à la tentation de me glisser dans le cabinet des restaurateurs; le gardien qui défend la porte s’est laissé fléchir par les arguments sonnants habituels.

Avec quelle satisfaction inexprimable je me suis retrouvé en face de la Transfiguration! J'ai contemplé à mon aise ce chef-d'œuvre suprême du divin artiste et, au lieu de le voir, comme en Italie, mal éclairé, dans une église obscure, il m’apparaissait dans son meilleur jour, par le beau soleil d’une après-midi lumineuse. Depuis le jour où j'ai passé quelques heures à Dresde, en adoration devant la perle du Musée, {4 Madone de Saint-Sixte, je n'avais pas ressenti une émotion aussi profonde. Je veux me ménager le moyen de revoir plusieurs fois la Transfiguration dans les mêmes conditions, car on doit la placer prochainement dans la galerie, où le jour lui sera beaucoup moins favorable. Gareis qui, depuis un an, s'occupe à copier, pour la princesse Galitzin, des tableaux de l’école italienne, m'a promis de ne pas me laisser quitter Paris sans me donner une copie de la Transfiguration: Plusieurs centaines de tableaux endommagés sont en magasin. Que de détériorations n’ont-ils pas subies! Une seconde Sainte Famille, peut-être un des tableaux les plus achevés du maître, est également à la restauration. Parmi ces innombrables peintures, posées Le long des murs sur trois ou quatre rangs ou empilées sur le parquet, il en est une qui m'a frappé : c’est un tableau de moyenne grandeur, d’un coloris spécial rappelant la peinture à la