Un hiver à Paris sous le Consulat (1802-1803) d'après les lettres de J.-F. Reichardt

7 . UN HIVER A PARIS

statues, l’Apollon notamment, ont des supports trop élevés : les pieds sont à la hauteur de l'œil du spectateur, en sorte que l’on ne contemple leurs formes divines que de bas en haut. L’Aypollon, également placé trop haut en Italie, y était mieux éclairé. Ici, il reçoit le jour par une haute fenêtre latérale dont l’appui est à un niveau inférieur à celui des pieds de la statue; pour le bien examiner, il faut monter sur un tabouret en se plaçant du côté opposé à la fenêtre. À Rome, c'est à la lueur des flambeaux que l’on admirait le mieux ce chef-d'œuvre; mais l’usage de ces illuminations n'est pas introduit à Paris.

Naturellement, on a supprimé les affreuses feuilles de vigne vertes, imaginées par la pruderie romaine. On a fait disparaître aussi les inscriptions dorées rappelant les noms des papes qui enlaidissaient presque chaque statue ; mais on en a remplacé quelques-unes par de longues inscriptions modernes qui ne valent pas mieux. Au bas de l’Apollon, une plaque de bronze, scellée par Bonaparte en personne il y a deux ans, porte :

LA STATUE D'APOLLON QUI S'ÉLÈVE SUR CE PIÉDESTAL, TROUVÉE A ANTIUM SUR LA FIN DU XV° SIÈCLE, PLacée Au VArTicaN PAR JuLES Il AU COMMENCEMENT pu XVE,

CoNQuISE L'AN V DE LA RÉPUBLIQUE PAR L'ARMÉE D'ITALIE,

SOUS LES ORDRES DU GÉNÉRAL BONAPARTE,

A ÉTÉ FIXÉE ICI, LE 21 GERMINAL AN VIII. PREMIÈRE ANNÉE DE SON CONSULAT.

Sur le côté opposé du piédestal, on lit :

BoxAPARTE [* Cexsuz CAMBAGÉRES Il Coxsuz Legrux III: Coxsuz Lucien BONAPARTE, MINISTRE DE L'INTÉRIEUR.