Un rempart contre l'Allemagne : les Slovènes

46 UN REMPART CONTRE L'ALLEMAGNE

mélancolique, et la nature âpre et sauvage du pays semble se refléter dans le caractère simple et rude, lui aussi, des habitants. Le sol rocheux du Kras (Carso, Karst) cache un monde étrange et sombre d'immenses cayernes, pleines de formes étranges et de contours bizarres. Du/faîte de ce monde de merveilles souterraines, l'œil voyage sur un horizon sans bornes jusqu'au bleu lointain de l’Adriatique. En bas, sur la côte, où le capital et le travail ne cessent de produire dans un des plus grands ports de mer du monde, le slovénisme respire l'air salin, l'air vivifiant de la mer; à ce contact fortifiant, nos gens concentrent toutes leurs forces dans l'espoir de parvenir un jour à être réunis à leurs frères yougo-slaves et de conquérir en union avec eux leur place légitime parmi les nations.

Du côté de l’ouest, le Kras (Carso) descend à la vallée de la Vipava, belle sous un soleil du Midi et riche en jardins fruitiers et en vignobles. Ceux-ci conduisent à Gorica (Goritz), le plus occidental des pays slovènes, dont les paysages variés ne sauraient manquer de charmer le voyageur par leur beauté. C’est ici le cœur des Slovènes du Sud; ici, sous le soleil brülant de Gorica (Goritz), dans les vignobles dont les pentes méridionales marquent la frontière linguistique italo-slovène, et du sommet desquels on peut voir la première lueur argentée de la mer, l’énergie slovène et le patriotisme slovène atteignent leur plus complet développement: Rien que de naturel à ce que le pays, si. proche du véri. table cœur de l'Europe, ait été tenu par le germanisme pour un obstacle formidable sur la route du Sud et de l'Est. Un fort élément slovène suffit à lui seul à la tâche d'exclure l'Allemagne de l’Adriatique. Aussi le pangermanisme a-t-il tenu pour un de ses premiers devoirs nationaux de rompre la barrière slovène afin d'occuper l’arrière-pays de Trieste. II ne faut jamais oublier que Bismarck appelait Trieste « a pointe de l’épée allemande ». Nulle part le désir allemand de détruire l'indépendance des petites nationalités ne s'est