Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile
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journée terrible, grand Dieu ! où mon fils! a péri avec 6000 innocents comme lui! Et pourquoi faire? Pour soutenir en partie la tyrannie et la scéleratesse d'une cour perfide et scélérate, l’autre partie pour soutenir cette belle Liberté si chère aux braves Français! 1792. Le 3r août, j'ai reçu une lettre de mon fils que Dieu a conservé et qui est vivant, grâce au Ciel; que Dieu lui inspire toujours des bons sentiments ! Aïnsi soit-il! Amen?!
— 25 août. L'on a mis bas le sceptre de Louis le tyran qui était en Bellecour, et le 28, on l’a renversé, lui et son cheval.
— Le 2 au 3 septembre, l’on a vidé les prisons de Paris, savoir, les coupables ont eu la tête tranchée, et les civils dehors.
— à Lyon, le 9 septembre, après midi, le peuple s’est porté aux prisons de Pierre-Scrze ; on a pris 7 officiers de cavalerie qui avaient voulu émigrer en Savoie avec leurs régiments; on les a descendus, comme pour les mener à Roanne, et le long de Bourgneuf, on les a fusillés et coupé leurs têtes que l’on à promenées dans la ville sur des piques. Ensuite, dans la nuit, ils se sont transportés à S! Joseph, où ils ont coupé la tête à un abbé réfractaire qui avait dit aux enfants qui allaient communier, qu’ils allaient prendre le diable et non pas le Christ, d'autant qu'il leur était donné par des prêtres assermentés. Voilà ce que l’église toujours fanatique cause! Ils ont toujours été des instruments de scélératesse sous Le voile de dévotion. Ensuite, le peuple s'est porté à Roanne, où ils ont coupé la tête à trois, dans lesquels il y a eu deux abbés, et l’on a mis dehors plusieurs personnes détenues pour dettes”,
1 Il s’agit de son fils François Timothée qui, vers le 15 mai 1590, s’élail engagé dans « la Compagnie Louise » {de Loys, compagnie bernoise) ; celte compagnie élait au nombre des défenseurs des Tuileries ; il ne semble donc pas que le fils Cuendet ait partagé les idées avancées de son père, qui, sans nul doute, l’avait vu avec peine entrer au service du roi (voir, pour le détail de cette journée, l'ouvrage tout récent du cap. de Vallière : Honneur et Fidélilé, déjà cité, p. 487-523).
? Après les effroyables scènes du 10 août, François rompit son engagement et partit pour l'Angleterre, où il se maria avec Mie Elisabeth Tenniel. Rentré en France, il fut réincorporé dans l’armée du Rhin, où il fut blessé au genou et à la cuisse, lors d'un combat dans les‘environs de Stokach. A la suite de cette blessure, il obtint son congé et revint s'établir à Lyon, puis à Pont-deVaux (1804).
5 Maurice Wahl, p. 582-587.