Un témoin de la Révolution française : Journal de Benjamin Cuendet de Sainte-Croix (Suisse), officier de la garde nationale à Lyon, 1769-1815 : ouvrage orné de deux portraits et de planches en fac-simile

NOTICE BIOGRAPHIQUE

Fils de David Cuendet et de Jeanne-Marie Gonthier, Benjamin Cuendet naquit à Sainte-Croix, en décembre 17441,

Sainte-Croix est une jolie petite ville d'environ 6.000 habitants, située à plus de 1.000 mètres d'altitude, dans le Jura vaudois, au pied du Chasseron et des Aiguilles de Baulmes, d’où l’on jouit d'un panorama unique sur les Alpes bernoises, le massif du mont Blanc, et au couchant, les vallées françaises du Revermont. L'hiver yest long etrude. Aussi, depuis longtemps, la population s’est-elle adonnée à l’industrie de l'horlogerie et des boîtes à musique, ressource précieuse pour toute la contrée.

Ce pays, qui fait aujourd'hui partie du canton de Vaud, était alors sous la dépendance du Gouvernement aristocratique de Berne, dont les baiïllis paraissent avoir eu la main assez lourde. Une première tentative d’émancipation avait eu lieu en 1723, sous la conduite du major Davel, qui y perdit la vie. Plus heureux et soutenus par le Directoire, les patriotes Frédéric-César de La Harpe et Amédée de La Harpe*? parvinrent à assurer l'autonomie du canton de Vaud. « Lorsque, en France, éclate la Révolution, La Harpe salue avec joie le réveil des peuples. . Il espère que l'heure de la libération approche pour le pays de Vaud et organise une fête pour célébrer l'anniversaire de la prise de la Bastille, Sous les tilleuls de la promenade de Rolle, on boit à la Grande Nation3!.., »

Cette soif d’affranchissement, ce culte de la liberté était général au sein des populations vaudoises de l’époque: et c’est bien ce même sentiment qui fit de Benjamin Cuendet, dès les premiers mouvements révolutionnaires, à Lyon, un partisan fervent de l'idée républicaine. Nos lecteurs verront plus loin son récit de la journée du 10 août et seront émus par le beau cri de liberté et d'admiration pour la France qui lui éehappe instinctivement, à l'heure même où il a lieu de croire que son propre fils est au nombre des victimes du massacre !

1 « Benjamin, fils de David Cuendet et de Jeanne Gonthier, présenté au S. Batteme par Benj. Gonthier et Jeanne-Marguerite Cuendet, le 14 décembre 1744. »

« Extrait du Registre des Battemes de l'Eglise de St-Croix, ce 4 avril 1763. Altesté aud Ste-Croix, le jour et an ci-dessus.

« Frossard, Pasteur de lad. Eglise (Sceau). » (Archives de l’auteur.)

* Amédée de la Harpe, général de division des armées de la République, né à Rolle (Vaud) en 1754; tué le 9 mai 1796 au combat de Codogno.

5 Capitaine de Vallière, Honneur et Fidélité, Histoire des Suisses au service étranger (Neuchâtel, 1913), p. 544.