Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

UNE OFFRANDE GENEVOISE A L'ASSEMBLÉE NATIONALE 13

entière est le premier de nos vœux ; nous n’attaquons la Garantie que parce qu'elle détruit le fondement de cette indépendance et qu'elle nous soumet dans la première des fonctions d'un peuple libre, celle de reformer ses Loix et sa constitution sans craindre des interventions étrangères. Il convient bien à ces aristocrates qui ont mérité les derniers supplices en provoquant contre nous des Puissances qui n'étoient plus Garantes, en nous soumettant à des armées, de dire que nous travaillons contre l'indépendance de Genève quand nous nous adressons à l’Assemblée Nationale pour être délivrés des fers qu'ils nous ont imposés.

Lundi 28 décembre la Société de la Aévolution composée presque uniquement des Dépulés les plus fidelles du parti de la liberté desira d'être instruite à fond des affaires de Genève ; nous y fümes introduits ; la Société étoit de près de deux cent personnes; on y délibère régulièrement. M: Chupelier (1) la présidoit, il donna la parole à Mr Du Roveray en le priant d'exposer les faits relatifs à la Garantie. Notre ancien Proc’ Gäl prit son récit à l'époque de 1738. et le conduisit jusqu'au moment actuel; il fut écouté avec une attention soulenue ; les evènements de 66, ceux de 81 et de 82 excitèrent une indignation générale. Obligé de parler de lui-même, il Le fit avec une modestie qui me donnoit le desir de prendre la parole et de faire connoïtre les services qu’il dissimuloit. Il ne lui échappa pas une seule expression amère contre les Aristocrates, pas un seul trait de ressentiment, mais il rendit les Ciloyens bien intéressans en peignant leur constance et leur fermeté dans une lutte si longue et si cruelle commenline (2) que par les faits il ne pouvait pas être suspect d'exagéralion; il exposa de la manière la plus délicate la transaction de 1789; il vouloit sauver aux Citoyens l'air de la foiblesse ; et il acheva par des réflexions générales sur la Garantie. L'analyse de la lettre des donateurs Genevois lui fournit lous . les arguments contre l'acceptation du don.

Un M' Gonder, si je ne me trompe, parla ensuite pour cette même acceptation, il dit que Genève n'avait plus de partis, que le peuple et les magistrats vivoient dans la plus parfaite intelligence depuis la reconciliation de 89. M. de Mirabeau prit alors la parole

) C'est évident de Chapelier qu'il s'agit ici.

(1 (2) Mot illisible,