Variétés révolutionnaires
LES ALMANACHS SOUS LA RÉVOLUTION 19
fait mouvoir avec une corde le couperet. La tête de celui que Camille appelait le pouvoir exécutif roule sur la plate-forme. On lit au dessous de la gravure :
Admirez de Samson l'intelligence extrême.
Par le couteau fatal il a tout fait périr.
Dans cet affreux état que va-t-il devenir ?
Il se guillotine lui-même.
L'Almanach des prisons est très riche en anecdotes sur les détenus de la Conciergerie, du Luxembourg, de Saint-Lazare, etc. Il cite plusieurs pièces de vers composées par eux, entre autres une épitre de François de Neufchâteau, un pot-pourri en vaudevilles, le Voyage de Provins écrit par le girondin Ducos la veille de son exécution, et des odes patriotiques sur les victoires des armées républicaines. On y lit aussi des notes intéressantes sur les mœurs des grandes dames enfermées au Luxembourg. « La luxure de quelques-unes, dit Coissin, parmi lesquelles il faut compter la citoyenne d'Ormesson qui se payait avec usure de quelques années d’une abstinence forcée, fit prendre à l'administration le parti de séparer les deux sexes. »
Voici un couplet, sur un air à la mode, écrit pendant leur détention par les vaudevillistes Radet et Desfontaines :
L'aristocrate incarcéré,
Par ses remords est déchiré, C’est ce qui le désole,
Mais le patriote arrêté,
De l'âme a la tranquillité, C'est ee qui le console.