Variétés révolutionnaires

LA ST-HUBERTY ET LE COMTE D'ANTRAIGUES 205

vagabonde, méprisé ettenu à l'écart par les émigrés résidant en Angleterre, eut des rapports fréquents avec le cabinet anglais, qu'il servit dans sa lutte contre la France. Canning lui demanda souvent des conseils et des renseignements sur le personnel politique de l'Europe. Mais bientôt les facultés de l'ancien constituant baissèrent ; il tomba sous la domination de sa femme, dont les années étaient loin d'avoir adouci le caractère altier et difficile. Les domestiques eux-mêmes ne voulaient plus rester à Barnes-Terrace, que l'ex-prima donna transformait en véritable enfer, allant jusqu'à leur refuser la nourriture. Le 22 juillet 1812, les vieux époux se disposaient à monter en voiture pour visiter quelqués amis à Londres, quand un nommé Lorenzo, domestique italien, donné au comte par Dumouriez et chassé de la veille par la SaintHuberty, se précipita sur eux, les frappa mortellement d'un poignard et se fit ensuite sauter la cervelle. Cette catastrophe émut profondément l'opinion. On voulut ÿ voir la main soit du gouvernement anglais décidé à se débarrasser d'un complice compromettant, soit celle du gouvernement français désireux de s'emparer des papiers de d'Antraigues et de punir un crime de haute trahison. On prétendit que l'assassin Lorenzo pouvait bien avoir été tué sur place par ceux-là même qui l'avaient armé contre ses maitres. L'enquête sommaire des autorités locales conclut à une simple vengeance de

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