Vergniaud : 1753-1793

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» Mais, tandis que l’on se rassemblait avec ordre dans les villes, il arriva que dans beaucoup de campagnes, habitées par la misère et l'ignorance qui la suit on s’attroupa plutôt qu'on ne se réunit...

» Avec le sentiment confus de leurs forces se réveilla dans le cœur de ces hommes rustiques celui des grandes oppressions dont ils avaient été les victimes. Ils foulèrent, en frémissant d’indignation, cette glèbe qu'ils avaient si souvent arrosée de leurs sueurs et de leurs larmes. Leurs regards se portèrent, avec la sombre inquiétude du ressentiment, sur ces châteaux superbes où, si souvent, ils étaient venus s’avilir par de honteux hommages...

» On parlait de la résistance opiniâtre qu'avaient opposée les ci-devants ordres du clergé et de la noblesse à la réunion des représentants de la nation. On s'écriait, avec une sorte de délire que le Tiers-État avait gagné son procès. D'une autre part, on affectait de laisser de malheureux paysans dans la plus profonde ignorance des décrets de l'assemblée nationale. On cherchait même à les égarer. On voulait, à force de désordres universels, nous conduire à l'anarchie, du sein de laquelle on espérait voir le despotisme renaître triomphant..….. Ces manœuvres perfides n’eurent que trop de succès. La fermentation fit des progrès effrayants. Pendant quelque temps, la surface du royaume parut semblable à celle de la mer agitée par les vents, et quelques vaisseaux imprudents ont péri pendant la tempête...»

Après ce magnifique début, où apparaît l’idée d'humanité qu’il développera souvent dans ses discours politiques, où souffle en tempête le vent de la Révolution, Vergniaud expose les faits du procès, les discute, prouve l'innocence de son client, montre