Vergniaud : 1753-1793

Savez-vous, Messieurs, qui répondit à cette admirable éloquence ? Ce fut Marat, qui débuta ainsi : « Je ne me présente point avec des discours fleuris, avec des phrases parasites pour mendier des applaudissements : je me présente avec quelques idées lumineuses, faites pour dissiper tout le vain battelage que vous venez d'entendre ? »

Et, signe du temps, les applaudissements de la Montagne et des tribunes saluèrent celui qui appréciait ainsi les nobles inspirations de Vergniaud.

Ces applaudissements enhardissent Robespierre qui sent avec ivresse venir le moment où il pourra satisfaire sa sombre jalousie. Depuis trop longtemps déjà, la puissance des Girondins, leurs succès, le désintéressement de la plupart d’entr’eux, leurs vertus iourmentaient son orgueil et il préparait la plus mensongère et la plus odieuse des accusations.

La défection de Dumouriez, l’organisation du Comité de salut publie, le décret portant que les membres de la Convention pourront être dénoncés et traduits devant le Tribunal révolutionnaire, la lecture enfin d’une adresse où des sectionnaires « appellent le glaive de la Loi, sur les Vergniaud, les Guadet, les Gensonné...» fournissent au Jacobin l’occasion si ardemment désirée et travestissant les faits, mentant impudemment, reprochant surtout à ses adversaires leur modération, il prononce une diatribe telle qu'on se demande, après l'avoir lue, s’il est vraiment possible que la haine puisse à un tel point fausser l'esprit et déformer le cœur. La froide ironje, la cruauté qui terminent cette atroce harangue, doivent être rappelées. « Je demande, dit-il, que les individus de la famille d'Orléans soient traduits devant le Tribunal révolutionnaire ; que ce Tribunal soit également