À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois

:12 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

portant d'accélérer les informations, afin de pouvoir mettre obstacle à ce brigandage. Il n’y a rien que d'honnête et d’estimable dans la mission que je vous supplie d'accepter. Je ne crains pas de vous donner de la peine quand il est question d'un acte de justice et d'humanité. Je me trouve père adoptif de l'enfant dont je vous remets les intérêts entre les mains, et j'invoque pour lui toute l'amitié dont vous m’avez donné tant de preuves. Je ne vous parle pas de sa reconnaissance, à laquelle cependant vous mettriez beaucoup de prix si vous le connaissiez. Je ne vous parle que de la mienne qui sera beaucoup plus grande que si l'affaire me regardait personnellement. A Bremgarten, près Zurich, en Suisse,

ce 30 novembre 1793. A.-P. MonTEsqQuIou

P. S. Je n’ai pas besoin d'ajouter que M. d'Orléans n’a nullement l'intention de disposer des fonds qu'il réclame avant l’âge que la loi autorise, âge qu’il atteindra au mois de septembre prochain. Il désire uniquement que ses fonds soient mis à l'abri de toute dilapidation, que la propriété en soit assurée à leurs légitimes possesseurs, et que le dépôt en soit fait aux mains de ceux que la loi anglaise investit du droit de surveiller la fortune des mineurs.

Mais j'ajouterai, Monsieur, qu'en vous suppliant de vous intéresser à cette affaire dans un voyage que vous consacrez au repos des affaires que votre triste patrie ne vous offre plus que dans une perspective éloignée, j'ai pensé que l'intérêt que m'inspire celle-ci pourrait pénétrer jusqu’à vous, et vous engager à y sacrifier quelques moments du délassement que vous allez chercher des troubles de votre pays. Peut-être pourriez-vous craindre que cet acte de complaisance que je sollicite en faveur d'un nom pour lequel je connais votre éloignement, peut vous comprometire, ou du moins être regardé