À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois
22 REVUE HISTORIQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
une lettre de crédit dont il userait avec tout le ménagement possible, et s’engageait à lui faire remettre directement les sommes qu’il recevrait de ses parents. M. Chabos envoya cette lettre à M. de Valence‘ pour la remettre en main propre. M. de Valence a répondu qu'il avait remis la lettre, que M. B. ferait ce qu’il pourrait, et répondrait incessamment, mais qu’il était en avance de sommes considérables pour le père (alors on le savait mort à Londres). C’est du commencement de novembre qu'est cette
réponse de M. de V.et celle de M. Boyd n’est pas encore venue. Ne serait-ce pas une manière de découvrir si le fils a, ou n’a pas, le recepissé du dépôt, s'il en a ou n’en a pas connaissance, et de conclure le dernier cas de son si- ; lence. Il faut bien une cause extraordinaire pour expliquer un silence si étrange. Je pense donc que sans s’expliquer tout à fait, il serait bon de faire croire au dit Sr. B. que:le fils est possesseur du titre, qu’il était à cet égard dans la confidence de son père. Cela est d'autant plus nécessaire que l’homme en question, quoique fort riche, n’est pas homme délicat. Il avait effectivement, il y a deux ou trois ans, pour 800 ou 900 mille franes de billets du père, mais il a exercé ses droits sur le bien de France, il a reçu une part considérable des premières ventes qui ont été faites, et d’ailleurs un dépositaire ne peut jamais violer un dépôt à son profit, car après cela il pourrait encore faire valoir ses titres. Il y a un autre objet qui ne peut pas s’escamoter dont vous ne me parlez pas, c’est le mobilier de la maison de Londres. Il était considérable en meubles et en provisions. Cela existe-t-il ? C’est un fait aisé à vérifier. Quant aux autres difficultés pour recueillir, s’il y a, elles ne nous inquiètent pas, parce que nous ne sommes pas pressés d’avoir, mais
1. Probablement Cyrus-Marie-Alexandre de Timbrune, comte de Valence (1757-1822), gendre de M"° de Genlis, en 1784 premier écuyer du duc d'Orléans et colonel des dragons de Chartres, officier général sous la Révolution, transfuge avec Dumouriez, refugié en Angleterre en 1793. — O. K,.