Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875
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Aux vieux observateurs laissons le firmament : Vous savez bien qu'Amour place le plus souvent Sur du gazon, dans le bois d’un bocage,
L'observatoire d’un amant,
Tournez à gauche, et marchez un peu vite Vers cet orme touffu que le zéphyr agite. Le plus tendre pressentiment M'entraine et me précipite. Suivez mes pas; surtout, si votre cœur palpite, Ne dites mot, le mien en fait autant.
Là, regardez à travers l'ombre Scintiller ces deux yeux fripons, Et sur ces’ cols si blancs flotter ces cheveux blonds. C’est en vain que la nuit est sombre : Quand on est éclairé du flambeau de l'Amour, On voit la nuit comme le jour.
Entendez-vous ces voix touchantes ? La lyre d'Amphion n’eut pas tant de douceur ; Tous les sons échappés de ces bouches charmantes Vont retentir au fond du cœur.
Et ces tailles élégantes. Ce n’est pas, à la vérité, L'éclat ni la majesté De ces masses étincelantes Qui roulent dans les airs leur triste éternité ; C’est d’une jeune bergère Et la fraîcheur et la beauté.
C’est une démarche légère;
Quinze ou seize ans, et jeunesse pour plaire Sont des titres que l’on préfère A la plus haute antiquité.
Oui! Oui! voilà pour moi Soleil, Étoile, Aurore, Voilà les astres que j'adore : Astres un peu malins qui, dans les Cieux, Auraient tourné la tête aux Dieux! Que les Dieux nommeraient Hébé, Vénus ou Flore, Et qui nous font extravaguer ici Sous les doux noms d’'Henriette et de Nanci.
J'ai, Messieurs, brutalement mis les noms tout entiers où l'auteur n'avait hasardé que de timides initiales : il n'y à malheureusement plus à cela d’indiscrétion.