Éloge de Vergniaud : discours de rentrée prononcé à l'ouverture des conférences de l'ordre des avocats de Bordeaux, le 4 janvier 1875
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ennemis à la pudeur (1), » se faire honneur de ses doctrimes sauvages, et reprocher à ses collègues « de n'être point à la hauteur de l'entendre (2), il ne put se contenir, et se jeta dans l'arène avec les jeunes. Mais la Convention, se Souvenant à propos qu'elle devait s'occuper des intérêts de l'Etat, et non des individus, passa à l’ordre du jour.
Un plus grave et plus redoutable objet allait s'imposer à l’attention de l'Assemblée.
Il y faut enfin arriver, à « ces funestes tragédies, nos infortunes d'Ilion, pour lesquelles nos oreilles n'auront jamais assez d'attente et de silence, nos yeux assez de regards ni de larmes (3). »
Disons-le tout d’abord, et bien haut : aucun procès régulierne pouvait être fait à Louis XVI. S'ilyavait eu, dans sa conduite avant le 10 août, de l'incertitude et de l’équivoque, il fallait bien de la passion pour y voir une trahison caractérisée : c'était assez, sans doute, pour la déchéance ; était-ce assez pour un jugement ? était-ce assez pour une condamnation? La déchéance! elle était prononcée : le peuple avait renversé la royauté, la Convention avait proclamé la République ; il ne restait qu’un homme qui avait été roi et n'était plus rien. C’est de cet homme que l’on fait un accusé. Que lui reproche-t-on ? Ses actes de roi ? Mais la nation ne s’est-elle pas fait justice en le détrônant? Sa conduite au 10 août? Mais la Constitution, qui faisait du monarque la première autorité du royaume, lui ordonnait-elle de ne point se défendre? Il s'était défendu, il avait succombé : il était moins un accusé qu'un vaincu. Oui, Desèze avait le droit de dire qu’il ne voyait, parmi les membres de la Convention, que des accusateurs, et pas un juge: mais les députés n'étaient-ils pas, pour la plu= part, plus encore que les accusateurs du roi? N’étaient-ils
(1) Discours de Marat, même séance. (Moniteur du 27 septembre.)
(2) Même séance, discours de Marat, déjà cité. (3) Sainte-Beuve, Nouveaux-Lundis, t. VI; Marie-Antoinette.