Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
120 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.
intérêt passager. La correspondance des administrateurs de l'Ourthe fut jetée au panier.
En 1810, Théroigne devint plus calme et tomba dans un état complet de démence. Elle ne pouvait supporter aucun vêtement, pas même le plus léger. Tous les jours elle inondait d’eau la paille de son lit. Absolument insensible au froid, elle cassait la glace en hiver pour continuer ses ablutions, refusant de mettre une robe de chambre en laine qu’on lui avait donnée, et paraissant d’ailleurs se trouver très bien dans sa cellule humide, obscure, sans meubles, d’où elle ne sortait que rarement pour prendre l'air, nue ou en chemise, marchant à quatre pattes, ramassant et portant à sa bouche toutes les bribes qu’elle trouvait sur le pavé. « Je l’ai vue, dit Esquirol, prendre et dévorer de la paille, de la plume, des feuilles desséchées, des morceaux de viande traînés dans la boue. Elle boit l’eau des ruisseaux pendant qu’on nettoie les cours, quoique cette eau soit salie et chargée d’ordures, préférant cette boisson à toute autre. »
Théroïgne ne fut jamais hystérique, bien que tout sentiment de pudeur semblât éteint en elle, ainsi que le prouvent de nombreux témoignages. Inconsciente, ayant seulement par éclats, dans sa mélancolie lypémaniaque, des retours confus sur