Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
THÉROIGNE DE MÉRICOURT. 121
le passé, des obsessions d'idées et de mots d’un autre âge, malgré son régime effroyable de l’eau glacée continué dix ans en toute saison, Théroigne jouit toujours à la Salpêtrière d’une santé excellente, conservant malgré son âge tous les signes physiologiques de la jeunesse. Esquirol nous la montre telle qu'il la vit, telle qu’on a peine à la reconnaître dans son portrait de 18161, avec ses cheveux châtains, de grands yeux bleus, sa physionomie mobile, sa démarche vive et dégagée, encore élégante. A la fin d'avril 1817, la pauvre folle fut prise d’une éruption cutanée qu’elle arrêta en continuant ses ablutions. L’éruption disparut, mais pour se transformer en fièvre violente, et Théroigne, épuisée, frissonnante, incapable de supporter aucune nourriture, dut se laisser porter à l’infirmerie, le 1° mai. Esquirol lui prodigua ses soins pendant quarante jours, constatant sa maigreur, la pâleur extrême de sa face, la fixité de ses yeux ternes, l’enflure des extrémités. Elle expira sans avoir recouvré un seul instant la raison, à l'âge de cinquante-cinq ans, le 9 juin 1817, dit Esquirol, le 8, d’après le registre
1. Planche IV des Maladies mentales. Nous donnons en tête de ce chapitre une reproduction de ce portrait.
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