Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt
THÉROIGNE DE MÉRICOURT. 123
ses ennemis ont voulu faire une courtisane vulgaire, et qu'épura le feu des passions les plus nobles. Celle autour de qui se groupèrent les personnages les plus éminents et les plus austères de notre grande époque révolutionnaire avait été d'abord jetée par les circonstances dans une vie aventureuse. Elle racheta ses écarts par les qualités de son esprit et de son cœur. Nous l'avons vue remplir auprès de ses frères abandonnés le rôle d’une seconde mère. Sans vouloir fermer les yeux sur les fautes de sa vie, on peut bien dire qu’au point de vue moral elle ne fut pas inférieure à beaucoup de femmes illustres du xvm° siècle qui n’eurent pas les mêmes excuses et pour qui la postérité a été plus indulgente. Théroigne eut le mérite, elle, l'héroïne échevelée des journées d'octobre, elle qui avait fait le coup de feu à la Bastille et aux Tuileries, de ne pas s’abandonner aux exagérations et de se ranger plutôt du côté des modérés dans cette Révolution pour laquelle elle avait risqué vingt fois sa liberté et sa vie. C’est la marque des âmes fortes.
La belle Liégeoise évita l’échafaud sur lequel périrent la plupart des hôtes de son salon politique. Une expiation plus dure lui était réservée. Elle souffrit mille morts pendant un quart de