Études historiques et figures alsaciennes

24 ÉTUDES HISTORIQUES

« L'ancienne réputation de ce général et les actions brillantes de la première partie de sa vie lui avaient peut-être fait espérer une place plus directement active, et je m'aperçus bientôt que le mécontentement et l'humeur, joints à une tournure d'esprit naturellement caustique et persiflante, influaient sur ses opinions ; mais elles ne m'en parurent pas moins mériter la plus grande attention. La première heure de ma conversation avec lui se passa en réflexions générales ; voyant que j'étais suffisamment instruit sur beaucoup de points intéressants, il se livra avec plus de franchise, et, à la fin, entraîné par la mienne, il s'ouvrit avec moi sans réserve. Il me dit que personne n'avait plus désiré que lui une guerre avec la France, que personne n’en avait plus reconnu la nécessité, mais qu'aujourd'hui personne ne serait plus enchanté qu'il se trouvât un moyen honorable pour en prévenir l'explosion, que, de la manière dont les choses étaient préparées, cette guerre ne pouvait pas réussir, et que, sans un bonheur presque fabuleux, elle conduirait aux plus tristes résultats...

« Puis, animé par ma surprise, il me déclara tout net que le duc de Brunswick était un homme incapable de commander, qu'il n'avait ni les vues assez étendues, ni le caractère assez vigoureux pour remplir une tâche aussi grande, que sa petitesse, son irrésolution, sa fausseté, son hypocrisie, sa vanité, sa jalousie excessive, gâteraient la meilleure affaire, que, quelle que fût la bonté des troupes, quel que fût l'esprit des officiers, ces avantages ne contrebalanceraient jamais l'inconvénient extrême d’un tel homme général en chef, que l’armée n'avait aucune espèce de confiance dans le duc, n’en aurait jamais et ne pouvait pas en avoir, que, quant à